La blockchain, panacée contre les minerais de sang
Comme il y a un point Godwin dans les débats en ligne, il y a un point blockchain de la traçabilité. Comme si le seul nom de cette technologie sur laquelle s’est développé le bitcoin suffisait à garantir la transparence. Les minerais n’échappent pas à cette loi. Dernier exemple en date, l’annonce, le 16 janvier, du projet de Ford, IBM, LG Chem et Huayou pour garantir les conditions d’extraction du cobalt en République démocratique du Congo (plus de 60% de la production mondiale), sous l’égide de RCS Global.
Il y en a eu d’autres avant : l’appel à projets de la London bullion market association dans l’or, l’attelage Power Resources Group-Circulor dans le tantale rwandais... C’est une bonne chose. Sauf que le problème auquel se confrontent, entre autres, les importateurs européens qui en 2021 seront responsables de leur chaîne d’approvisionnement, ce n’est pas la production du chinois Huayou Cobalt. Ce sont les quelque 20% du cobalt congolais qui sont produits artisanalement et dont le marché "ne peut pas se passer", selon Jeremy Weir, le PDG de Trafigura.
RCS Global a beau promettre que ce système de certification sera mis à disposition des "creuseurs" artisanaux, on les imagine mal y adhérer directement. Au mieux, leurs acheteurs rejoindront l’initiative. Mais comme dans le cacao en Côte d’Ivoire, au premier changement de main, il est déjà trop tard. Le minerai est mélangé, avant d’être concentré, fondu, raffiné... Le cobalt, ce ne sont pas les diamants, pour lesquels De Beers a mis en place une blockchain pour tracer l’origine des pierres.